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Kenzo, clope, vodka et dépression.
12 septembre 2006

Chronique d'une perte.

1956__black_sitting

T’as pas tout compris. T’es là comme un con à regarder la foule qui crépite devant toi. Ils dansent mais tu vois rien. C’est vide. On veut faire du chaud avec du froid. C’est tellement creux que ça fait peur. La musique absurde et les gens qui dansent dessus. Tu te dis que c’est pas possible, il y a un problème quelque part, c’est pas possible qu’ils arrivent à prendre leur pied.

Tout le monde adore, tout le monde est ‘Fuck me I’m famous’. La gloire c’est d’être une chienne sur le podium : estampillé pétasse, griffé trou à foutre ( en trompe l’œil parce que personne n’assume vraiment ). Tout ce que tu vois c’est l’ombre du plaisir d’être là, trop reproduit et chorégraphié pour être naturel. C’est tellement mal imité que les bouts dépassent des contours. C’est si plastifié sur la piste que t’arrives pas à respirer. Pourtant tu veux danser, tu te dois de danser pour ne pas te sentir seul. Ici tout le monde s’amuse. Tu ne veux pas être seul ici, tu veux pas finir seul assis sur les chiottes à pleurer sur ton nouveau jean. Ici t’es personne.

Paraît que c’est plus beau sous alcool, alors tu claques ton repas de demain et une partie de ton loyer. T’es une star maintenant. Tu essayes de t’oublier, de poser ton bocal d’encre et de plonger dans la mer de fumigènes. Tu y arrives presque. Tu te sens mieux grâce à la vodka. Tes pieds frappent le sol, la tête bouge de manière succinte de droite à gauche, tu lèves les bras sensuellement et prend la pose pour le photographe. Peut être que tu te lèveras un mec pas trop mal, peut être même que tu finiras sur le podium avec les draq queen. Tu te prends à y rêver, tu t’avoues à peine qu’en fait t’en crèves d’envie. Tu fnis par vouloir exister par cet endroit. Evidemment au détour d’une fin de chanson t’as comme l’impression d’avoir fait une connerie, tu veux prendre de la hauteur parce que comme les blasés tu te dis que c’est trop superficiel tout ça, que t’es pas comme eux. Alors tu traines ta frustration vers le balcon en retenant tes larmes.

D’en haut tu ne vois rien de plus, tu espères secrètement que les lasers coupent la tête des gens pour de vrai. Tu essayes de reprendre une contenance en tirant nerveusement sur ta clope. Tu n’arrives à penser à rien alors tu regardes le carré VIP. Tu cherches à voir comment ils sont les riches, ceux qui savent faire la fête, ceux à qui tu veux ressembler mais tout ce que tu réussis à faire c’est de rendre encore plus ridicule. T’es tellement envieux que tu fais juste une projection de fantasmes  Tu ne vois pas que c’est la même merde que sur la piste, la carte gold en plus. Le gras qui déborde de partout, la bouteille qui bronze dans son bac d’eau depuis des siècles, que ça rigole sans ricochet et que ça sourit jaune. C’est terne et lent, du deux images par minutes. Même pas un nuage de coke, c’est triste comme un verre de grenadine. Et toi tu regardes toujours, de loin. Le spotlight n’est pas plus doux sous le filet mais pour toi c’est le paradis

Et puis on te dit de dégager du balcon. Tu veux partir parce que les basses t’ont plombées les jambes que tu te dis mais la vérité est que tu n’as plus le courage de retourner sur la piste. Tu t’es mis hors du coup à la seconde où tu as cessé de danser Tu t’effondres sur les marches. Vidé tu regardes d’un œil absent les petits groupes mal fagotés qui relèvent leur mèche et piaillent gaiement en contrebas

Alors qu’il commence à faire jour et que tu attends le premier métro tu te dis que tu y retourneras bientôt. Parce que ça y est tu en es, t’es un initié maintenant. Alors que le ciel se teinte d’or et que tu fumes ta clope dans le froid tu as le sentiment que la vie est belle.

Demain tu diras à tout le monde que t’as passé une super soirée. C’est ça qui compte de toute façon.

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Commentaires
D
Cette note est..wow.
S
Que ça qui compte de toute façon. Et les regards lourds de regrets. Et ces facades en ruine. Ca s'agite comme des machabés de pacotille. Mais toi t'y peux rien. Juste comtempler. Juste t'emprunter un autre toi. Pour une heure. Pour ces fameuses heures. Cette pourriture aux relents d'éternité. Ca te cavale au fond de la gorge. Tu voudrais brailler. Une fois. Pour voir commet ça fait. L'hystérie bordélique de la décadence. Pour voir comment au fond tout le monde s'en fout. Sa petite personne et rien d'autre. Car rien d'autre ne compte. Chacun rit, chacun rêve, chacun crève. Bal des faux semblants. Jusqu'à toujours et plus encore.
M
bon, l'article, y a rien à redire. <br /> mais la photo bordel! on pourrait en causer pendant des heures tellement elle est superbe!
S
'I've got trouble, trouble, trouble<br /> Always knocking at my door<br /> Yes I'm a whole lot of trouble, baby<br /> Just like a kid in a candy store<br /> Well, I'm nothing but trouble, babe<br /> Now, since the day that I was born'<br /> <br /> Get down and pray. <br /> xxx
Kenzo, clope, vodka et dépression.
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